Thèse en cours Taisiia POLIANSKAIA

Résumé du projet de thèse : Ces dernières années, le phénomène de déjà vu a cessé d'être une simple curiosité pour devenir une préoccupation scientifique sérieuse (pour des revues, voir Moulin (2017) et Brown (2003)). À ce jour, la littérature scientifique n'a pas identifié la nature du déjà vu chez les enfants et les adolescents, bien que les données de questionnaires suggèrent que le déjà vu n'est pas vécu avant l'âge de 10 ans au plus tôt (Brown, 2003). Ce projet de thèse examinera le déjà vu chez les enfants à travers des méthodes expérimentales, cliniques en neuropsychologie et des questionnaires.
La principale conceptualisation scientifique du déjà vu est qu'il est lié à des erreurs dans l'attribution de la familiarité (par exemple, Cleary, 2008), et en tant que tel, c'est un phénomène de mémoire lié à la fonction du lobe temporal. Cela considère le déjà vu comme une entité métacognitive inhérente, et comme quelque chose qui peut être envisagé comme une entité de 'vérification des faits' (par exemple, Urquhart et al., 2021) : les mécanismes métacognitifs détectent une sensation erronée de familiarité, qui est portée à l'attention comme le sentiment de déjà vu. Cela aligne le déjà vu avec d'autres entités métacognitives spontanées telles que l'état de 'sur le bout de la langue'. De telles expériences métacognitives spontanées surviennent lorsque le système cognitif détecte un conflit entre les objectifs de traitement actuels et le traitement cognitif anticipé et les résultats (Metcalfe et Schwartz, 2016).
Il y a donc la possibilité que l'étude du déjà vu chez les enfants et les adolescents nous aide à mieux comprendre le développement de la métacognition. Une explication de l'idée que le déjà vu est vécu relativement tard dans l'enfance est qu'il est de nature métacognitive, et la métacognition se développe relativement tard. C'est-à-dire, sans la conscience métacognitive requise, nous ne serons pas capables de détecter ou d'interpréter le conflit qui est au cœur de l'expérience. En effet, dans des données préliminaires issues d'un projet de master, il semble que les enfants qui vivent plus de déjà vu ont un degré plus élevé de précision métacognitive pour une tâche perceptuelle simple par rapport aux enfants qui n'ont pas (encore) vécu de déjà vu.
Le déjà vu est encore plus crucial à étudier dans des populations comme l'épilepsie infantile, où une meilleure compréhension de ce phénomène (connu pour être vécu par certaines personnes atteintes d'épilepsie du lobe temporal) peut aider à mieux comprendre les difficultés cognitives, l'expérience subjective et même la localisation épileptique dans ce trouble. À ce jour, il n'y a pas de recherche systématique et basée sur des hypothèses sur le déjà vu chez les enfants atteints d'épilepsie du lobe temporal, bien qu'il y ait quelques présentations de cas uniques.
Cette thèse nécessitera des méthodes issues de la neuropsychologie et de la psychologie expérimentale. Une première étape sera de cartographier l'histoire naturelle du déjà vu (et d'autres états similaires pour comparaison ; Barzykowski & Moulin, 2023) chez les enfants sains et chez les enfants présentant des plaintes neurologiques en utilisant des questionnaires en ligne à grande échelle. Parallèlement, des paradigmes existants qui provoquent le déjà vu et la familiarité en laboratoire seront adaptés pour une utilisation chez les enfants. Une phase clinique du projet sera d'examiner le déjà vu chez les enfants et les adolescents atteints d'épilepsie, en vue d'explorer les aspects cliniques et neurologiques de ce symptôme peu fréquent. À la fin de la thèse, nous serons en mesure de proposer concrètement quand le déjà vu est vécu pour la première fois dans la vie et sa relation avec le développement de la métacognition chez les enfants sains, et sa nature dans l'épilepsie.

Mots-clés de la thèse : Déjá vu,Métacognition,Neuropsychologie,, 
neuropsychology,deja vu,metacognition,, 

Encadrement de la thèse  
- Direction de thèse : Christopher MOULIN - christopher.moulinuniv-grenoble-alpes.fr (christopher[dot]moulin[at]univ-grenoble-alpes[dot]fr) - HDR obtenu en 2015 - Quotité de temps : 100 % - grade PREX 

CNU de thèse : 16 - Psychologie et Ergonomie