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Parution
On 21 November 2022
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Dans la revue Nature Scientific Reports, deux chercheurs grenoblois ont montré que la réponse vient de la physique des objets. Le mot « bouba », jugé rond, est composé de sons plus graves et plus continus que « kiki », jugé pointu. Or, lorsqu’ils heurtent ou roulent sur le sol, les objets ronds produisent des sons plus graves et continus que les objets pointus. C’est parce que l’Homme a intégré ces propriétés physiques des objets dans le langage, que « bouba » est devenu universellement rond.
Supposons que l’on vous présente deux objets, l’un rond et l’autre pointu. Si l’on vous demande lequel s‘appelle « kiki » et lequel « bouba », même si cette question semble saugrenue, la réponse est en général immédiate et unanime : le rond, c’est bouba, et le pointu, c’est kiki, bien sûr ! Ce phénomène universel, nommé « effet bouba-kiki », est retrouvé à travers les langues et les cultures. Il est aussi très intrigant pour ce que l’on sait du langage. En effet, les linguistes ont bien montré que les sons des mots d’une langue sont arbitraires : le mot « table » ne contient rien par lui-même qui permet de savoir à quel objet il fait référence. Cette caractéristique du langage se nomme « l’arbitraire du signe ». Mais il existe quelques exceptions, dans lesquelles le son semble susciter spontanément une signification, sans que l’on sache vraiment pourquoi. L’effet bouba-kiki– est un cas extrêmement frappant de ce « symbolisme sonore ». Depuis sa découverte il y a près d’un siècle, de nombreuses équipes cherchent une explication convaincante à ce phénomène.
Or, une équipe grenobloise publie dans la prestigieuse collection Nature (Scientific Reports) une étude qui donne une réponse simple et convaincante à ce mystère entêtant. Les deux chercheurs ont d’abord montré, par l’analyse phonétique de plus de mille stimuli de parole, que les sons de parole comme « bouba » ou « malouma », jugés ronds, sont plutôt graves et continus. A l’inverse, les sons comme « kiki » ou « takété », perçus comme plutôt pointus, sont davantage aigus et discontinus. En s’appuyant sur une démonstration mathématique, ils ont ensuite prouvé que les sons produits par des objets ronds, lorsqu’ils heurtent ou roulent sur le sol, sont systématiquement plus graves et continus que ceux produits par des objets pointus. C’est parce que l’Homme a intégré ces propriétés physiques des objets dans le langage, que « bouba » est devenu universellement rond.
paru dans THE CONVERSATION
paru dans SCIENCES ET AVENIR
Date
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
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