Soutenance de thèse : Fabien CARRERAS

De nombreuses recherches ont étudié les processus de récupération de souvenirs en mémoire autobiographique. Cette thèse se concentre sur un processus cognitif rarement mesuré en lien avec la récupération en mémoire autobiographique : la métacognition. La littérature sur la métacognition suggère que les sensations de familiarité sont des signaux déclenchant et guidant la récupération en mémoire épisodique et sémantique. L’objectif de cette thèse était d’étendre ces résultats à l’étude de la mémoire autobiographique.

 

Nous avons mené une série d’expériences visant à déterminer si des sensations métacognitives, telle que la familiarité, et leur évaluation guidaient la récupération en mémoire autobiographique. Pour ce faire, nous avons conçu de nouvelles procédures expérimentales ayant permis de mettre en lumière l’influence de la métacognition dans une phase de pré-récupération en mémoire autobiographique.

Nos deux premières études visaient à déterminer si les individus étaient capables de distinguer les stimuli permettant un accès fluent à leur mémoire autobiographique de ceux le limitant. Nous avons créé une procédure inspirée du Feeling of Knowing (Sensation de savoir) : le Feeling of Retrieval (Sensation de récupération). Les participants disposaient d’un temps court pour réaliser leurs jugements métacognitifs, empêchant de récupérer des souvenirs autobiographiques. Les jugements métacognitifs des participants prédisaient la facilité avec laquelle ils généraient ensuite des souvenirs autobiographiques, indiquant qu’ils disposaient d’un accès métacognitif pré-récupération à leur mémoire.

 

Nous avons ensuite exploré les bases des jugements métacognitifs du Feeling of Retrieval, en testant, respectivement, l’influence de la sensation de familiarité, l’accès rapide à des informations liées à des souvenirs autobiographiques, et l'efficacité objective des stimuli à faciliter la récupération de souvenirs autobiographiques. Tous ces indices contribuaient aux jugements métacognitifs, mais n’étaient pas tous prédictifs de la facilité de la récupération de souvenirs autobiographiques.

 

Nous avons également examiné l’influence du vieillissement sur ces capacités métacognitives. Enfin, nous avons exploré la capacité d’adultes âgés à évaluer la facilité avec laquelle ils pouvaient récupérer des souvenirs autobiographiques provenant de différentes périodes de leur vie. Nos résultats suggèrent que les capacités métacognitives des séniors ne diffèrent pas de celles des jeunes adultes dans le Feeling of Retrieval, mais également que les séniors échouent à évaluer leur récupération lorsqu’il s’agit de périodes de vie plus larges.

 

Cette thèse établit un lien entre les littératures sur la mémoire autobiographique et sur la métacognition. Différentes méthodes d’étude de la métacognition associées à la mémoire autobiographique sont proposées, permettant plus de recherches et le développement de paradigmes originaux dans ce domaine. Nous avons montré que les individus disposent d’un accès métacognitif pré-récupération à leur mémoire autobiographique lorsque les jugements métacognitifs portent sur la capacité de stimuli à permettre la récupération de souvenirs spécifiques, mais pas lorsqu’ils portent sur des périodes de vie. Nous développons les perspectives offertes par ces résultats dans différents champs de la psychologie cognitive. 

 

Mots clés: autobiographical memory, metacognition, feeling of retrieval, ageing