Séminaire Guillaume DEZECACHE

Les enjeux de durabilité concernent à la fois les citoyens et les chercheurs, et les psychologues ne font pas exception. En psychologie, les recherches se concentrent souvent sur l’identification des comportements individuels à fort impact carbone et sur leurs mécanismes sous-jacents, dans le but de les réduire. Cependant, cette approche, parfois marquée par un individualisme méthodologique, pourrait limiter la portée systémique nécessaire à une transition durable. Par exemple, une baisse de la demande de viande pourrait entraîner des effets rebond, comme une augmentation de la consommation d’autres produits à fort coût carbone, soulignant la complexité des dynamiques au sein des systèmes socio-écologiques. Pour que la psychologie puisse apporter sa contribution à la science de la durabilité — qui cherche à comprendre et à promouvoir les conditions de durabilité des socio-écosystèmes — elle devra relever certains défis, tant épistémologiques qu’institutionnels.
Sur le plan épistémologique, il semble important de reconnaître les limites de l’individualisme méthodologique face aux enjeux systémiques, ainsi que les limites de ce que la psychologie peut aborder en tant que discipline et suite méthodologique. Une voie possible pour la psychologie serait de se positionner comme une discipline capable de décrire les conditions d’inertie et de malléabilité du système cognitif humain. Sur le plan institutionnel, un changement serait également souhaitable. Il pourrait être utile de favoriser des approches interdisciplinaires, guidées par des problématiques transversales, plutôt que par des frontières strictes entre disciplines, dans les programmes de recherche, les formations académiques et la structuration des institutions de recherche.
Cette présentation se propose d’aborder ces défis et transformations, que je perçois (peut-être à tort!) comme essentiels, pour permettre à la psychologie de jouer un rôle significatif et 'durable' face aux défis globaux de durabilité.