Soutenance de thèse Méline DEVALUEZ

Une partie du champ de la métacognition de la mémoire a été façonnée par la distinction épisodique/sémantique proposée par Tulving (1972). Par exemple, des preuves expérimentales et neuropsychologiques suggèrent que des processus distincts sont impliqués dans certains paradigmes de métacognition portant sur la mémoire sémantique et ceux portant sur la mémoire épisodique. De plus, la relation entre performance à la tâche de mémoire et jugements métacognitifs est un débat central dans la littérature. Néanmoins, en parallèle de cette distinction épisodique/sémantique, de nombreux travaux suggèrent que mémoires sémantique et épisodique ne fonctionnent pas de manière totalement indépendante, notamment chez les sujets sains. Plus particulièrement, plusieurs études montrent l’importance et l’influence des traitements sémantiques dans l’encodage et la récupération en mémoire épisodique mais aussi dans la capacité des personnes à auto-évaluer leurs performances sur ces tâches de mémoire épisodique. Ainsi, le but de cette thèse était d’approfondir les connaissances sur la relation entre processus mnésiques et jugements métacognitifs. Deux points de cette relation ont été abordés. Tout d’abord, nous nous sommes intéressés à la relation spécifique entre type de mémoire mis en jeu dans la tâche de premier ordre (i.e., épisodique ou sémantique) et performances métacognitives (Chapitres 4 et 5). Un second objectif était d’approfondir la compréhension de l’influence des traitements sémantiques dans les jugements métacognitifs (Chapitres 5, 6, et 7).Dans un premier temps, nous avons réalisé deux méta-analyses portant sur la distinction entre feeling-of-knowing épisodique (eFOK) et sémantique (sFOK) dans le vieillissement sain. Ces méta-analyses ont apporté des preuves supplémentaires à la contribution du déclin en mémoire épisodique dans la diminution de la sensibilité métacognitive du eFOK chez les personnes âgées. Deuxièmement, nous avons évalué les capacités métacognitives (épisodiques et sémantiques) de personnes présentant une pathologie de la mémoire sémantique : la démence sémantique. Les performances de ces personnes ont été comparées à celles de personnes âgées saines et à des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Cette étude n’a pas permis de mettre en avant de déficit métacognitif sémantique dans cette population, ni de double dissociation entre type de déficit de premier ordre et performances métacognitives.Ensuite, 4 études ont montré l’importance des traitements sémantiques pour prédire de façon précise les performances sur une tâche de reconnaissance en mémoire épisodique. Enfin, 2 autres études portant sur la fluence conceptuelle ont montré l’influence des traitements sémantiques d’images sur les jugements métacognitifs rétrospectifs et prédictifs en mémoire épisodique. L’ensemble des résultats de cette thèse contribuent à montrer que les processus mnésiques interviennent dans les jugements métacognitifs. Notamment, nous mettons en avant l’importance des capacités de récupération en mémoire épisodique, la familiarité, et l’influence des connaissances sémantiques. De plus, ces processus ne sont pas nécessairement spécifiques au type de mémoire testé sur la tâche de premier ordre puisque la mémoire sémantique intervient également dans des tâches de métacognition épisodique.

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