SoutenanceRecherche
Soutenance de thèse Maëlle TIXIER
le 18 mars 2022
Partage de processus spatiaux d’orientation entre remémoration et maintien postural : vers une conception incarnée et située de la mémoire épisodique
Résumé
Ce travail s’inscrit dans une conceptualisation de la mémoire épisodique comme processus cognitif incarné et situé de nature spatiale. La remémoration épisodique s’est vue peu à peu attribuer un caractère constructif et spatial. La théorie de la construction de scènes (Maguire et collaborateurs, 2013) propose que la remémoration se base sur la (re)construction du contexte spatial de l’épisode dans lequel sont intégrés les autres éléments du souvenir (e.g., qui, quoi). La remémoration serait alors un processus spatial même lorsque l’objet du rappel n’est pas de nature spatiale. Le but de cette thèse est de mettre en évidence l’implication de processus spatiaux d’orientation lors de la remémoration grâce à un paradigme de double tâche cognition-posture. Dans la continuité de la théorie du partage de processus spatiaux entre posture et cognition, nous faisons l’hypothèse que la remémoration, de par sa nature spatiale, interférera avec le maintien postural. Cette interférence serait absente pour la tâche mnésique sémantique car elle n’implique pas de processus spatiaux.
Dans l’expérience 1, nous avons fait varier le niveau d’implication du processus spatial dans le maintien postural. La remémoration devrait être meilleure en position couchée (ne nécessitant pas de maintien de l’équilibre) par rapport à la condition debout (impliquant un contrôle postural). Bien qu’aucun effet d’interaction n’ait été observé, les résultats soulignent l’intérêt de la mesure posturale en situation de double tâche. Dans une seconde expérience, nous avons mis l’accent sur les variations du signal postural en fonction de la nature de la tâche mnésique. Les résultats mettent en évidence une repondération des informations sensorielles (i.e., vicariance) contribuant au maintien de la position debout. Les variations des paramètres posturaux entre tâches épisodique et sémantique sont analogues à celles observées lors de la comparaison entre une tâche explicitement spatiale et une tâche non spatiale. Dans la seconde partie expérimentale de ce travail, nous avons induit une perturbation des processus spatiaux d’orientation grâce à un mouvement visuel uniforme en roulis (vection). Cette stimulation visuelle induit une sensation illusoire de déplacement de soi et une déviation de la verticale perçue, sans manipuler explicitement la position du corps dans l’espace. L’expérience 3 met en évidence une détérioration globale des performances mnésiques. Cependant la comparaison entre une situation de vection et un environnement statique pose la question d’un confondu lié à la présence ou non d’un mouvement visuel. Nous avons donc opposé un environnement visuel en mouvement uniforme, à une condition de mouvement visuel non uniforme (absence de vection). L’expérience 4 nous a ainsi permis d'évaluer les modifications des paramètres posturaux spécifiques à la vection. L’expérience 5 réalisée en situation de double tâche posture-mémoire met en évidence l’interaction attendue entre l’environnement visuel et la nature de la tâche mnésique au niveau des paramètres posturaux isolés dans l’Expérience 4. La remémoration en condition de vection engendre une instabilité posturale et une redirection de l’attention vers la posture.
Ces résultats suggèrent une implication de processus spatiaux en mémoire épisodique qui seraient partagés avec le maintien postural, et ce même lorsque le rappel n’implique pas la composante spatiale de l’épisode de manière explicite. Ces données sont compatibles avec la notion de construction de scènes, qui supposent que le contexte spatial sera (re)construit lors de la remémoration. Ce travail ouvre de nouvelles perspectives telles que la mise en place d’un paradigme comportemental pour caractériser plus finement l’aspect spatial de la remémoration. Ce travail souligne l’intérêt de la mesure posturale pour l’évaluation du partage de processus entre la remémoration épisodique et d’autres tâches telles que la navigation ou imagerie mentale de scènes.
Dans l’expérience 1, nous avons fait varier le niveau d’implication du processus spatial dans le maintien postural. La remémoration devrait être meilleure en position couchée (ne nécessitant pas de maintien de l’équilibre) par rapport à la condition debout (impliquant un contrôle postural). Bien qu’aucun effet d’interaction n’ait été observé, les résultats soulignent l’intérêt de la mesure posturale en situation de double tâche. Dans une seconde expérience, nous avons mis l’accent sur les variations du signal postural en fonction de la nature de la tâche mnésique. Les résultats mettent en évidence une repondération des informations sensorielles (i.e., vicariance) contribuant au maintien de la position debout. Les variations des paramètres posturaux entre tâches épisodique et sémantique sont analogues à celles observées lors de la comparaison entre une tâche explicitement spatiale et une tâche non spatiale. Dans la seconde partie expérimentale de ce travail, nous avons induit une perturbation des processus spatiaux d’orientation grâce à un mouvement visuel uniforme en roulis (vection). Cette stimulation visuelle induit une sensation illusoire de déplacement de soi et une déviation de la verticale perçue, sans manipuler explicitement la position du corps dans l’espace. L’expérience 3 met en évidence une détérioration globale des performances mnésiques. Cependant la comparaison entre une situation de vection et un environnement statique pose la question d’un confondu lié à la présence ou non d’un mouvement visuel. Nous avons donc opposé un environnement visuel en mouvement uniforme, à une condition de mouvement visuel non uniforme (absence de vection). L’expérience 4 nous a ainsi permis d'évaluer les modifications des paramètres posturaux spécifiques à la vection. L’expérience 5 réalisée en situation de double tâche posture-mémoire met en évidence l’interaction attendue entre l’environnement visuel et la nature de la tâche mnésique au niveau des paramètres posturaux isolés dans l’Expérience 4. La remémoration en condition de vection engendre une instabilité posturale et une redirection de l’attention vers la posture.
Ces résultats suggèrent une implication de processus spatiaux en mémoire épisodique qui seraient partagés avec le maintien postural, et ce même lorsque le rappel n’implique pas la composante spatiale de l’épisode de manière explicite. Ces données sont compatibles avec la notion de construction de scènes, qui supposent que le contexte spatial sera (re)construit lors de la remémoration. Ce travail ouvre de nouvelles perspectives telles que la mise en place d’un paradigme comportemental pour caractériser plus finement l’aspect spatial de la remémoration. Ce travail souligne l’intérêt de la mesure posturale pour l’évaluation du partage de processus entre la remémoration épisodique et d’autres tâches telles que la navigation ou imagerie mentale de scènes.
Mots-clefs
Remémoration épisodique, théorie de la construction de scènes, double tâche, équilibre postural, processus spatiaux d’orientation, vectionLocalisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
à 14h Salle Jacques Cartier
Maison des Langues
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Mis à jour le 28 février 2022