Soutenance de thèse : Mariam BAYRAM

Selon les théories incarnées, le traitement du langage est intrinsèquement lié à nos interactions avec le monde qui nous entoure, ce qui se traduit par des signatures cérébrales spécifiques. Il est proposé qu’un mécanisme de simulation relie les processus sensorimoteurs et linguistiques : la réactivation automatique des réseaux neuronaux impliqués dans l'action, faciliterait la compréhension des actions et des concepts associés. Ce mécanisme de simulation semble également être présent dans l’imagerie motrice, une tâche dans laquelle on demande aux participants de s'imaginer en train d'effectuer une action. L’objectif de cette thèse est de déterminer si l’entraînement à l’imagerie motrice favorise le traitement lexico-sémantique. Nous avons testé cette hypothèse à travers quatre études : trois études comportementales (Études 1-3) et une étude utilisant la stimulation corticale couplée à l'électroencéphalographie (TMS-EEG, Étude 4). Dans l’Étude 1, nous avons observé que l'entraînement à l’imagerie motrice améliorait davantage la compréhension du langage comparé à un entraînement à l’exécution d'actions, soutenant ainsi l’hypothèse selon laquelle les mécanismes de simulation sous-tendent le lien entre le traitement du langage et l'activité sensorimotrice. L’Étude 2 a montré que la pratique de l’imagerie motrice améliore les performances dans les tâches lexico-sémantiques, et ce, indépendamment de la durée de l’entraînement. L’Étude 3 a révélé que l'entraînement à l’imagerie motrice facilite l’apprentissage de nouveaux mots. Enfin, dans l’Étude 4, nous avons exploré la dynamique temporelle de l’implication de l’entraînement sensorimoteur dans le traitement lexico-sémantique. Les résultats semblent indiquer une implication précoce du système sensorimoteur dans le traitement lexico-sémantique. De manière générale, les résultats de cette thèse ouvrent de nouvelles perspectives appliquées, notamment dans l’élaboration de méthodes visant à améliorer les performances linguistiques dans des contextes développementaux et cliniques.

Thèse encadrée par Marcela Perrone-Bertolotti, Sylvain Harquel, et Richard Palluel-Germain