Aller au contenu principal

Soutenance de thèse : Raphael Lambert

Soutenance

Le 21 juin 2024

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

"Apports de l'analyse conjointe des paramètres cinématiques de l'écriture, de l'activité cérébrale et oculométrique dans des modèles supervisés pour l'aide au diagnostic de la dysgraphie chez l'enfant", réalisée sous la direction de Caroline Jolly (LPNC) et Jérôme Boutet (DSYS-CEA)

Les troubles de l’écriture, appelés « dysgraphies », concernent 5 à 10% des enfants d’âge scolaire (Smits-Engelman et al. 2001; Danna et al. 2016; Jolly 2017). Actuellement, le diagnostic de la dysgraphie est basé sur un test relativement subjectif, le BHK (Charles et al. 2004). Non pris en charge, ces troubles impactent rapidement les autres apprentissages scolaires fondamentaux, et peuvent même conduire à l'échec scolaire. Leur diagnostic précoce est donc essentiel.

Dans un premier temps, la dysgraphie a été analysée par le biais de l’analyse cinématique de l’écriture. Un ensemble de caractéristiques de l’écriture ayant été reliées à la dysgraphie chez l’enfant (Rosenblum 2005; Kushki et al. 2011), plusieurs modèles d’apprentissage automatiques ont été entrainés à différencier l’écriture d’un enfant présentant une dysgraphie d’un enfant typique par le biais de certaines de ces caractéristiques.

Ce travail a ensuite été étendu à l’extraction de caractéristiques non pas d’une trace écrite, mais de dessins issus de tests graphomoteurs, dans le but de tester la possibilité d’une détection très tôt et inter-langages de la dysgraphie.

La littérature décrit relativement bien les dysgraphies d’un point de vue moteur (Danna et al. 2013; Smits-Engelman et al. 2001; Hamstra-Bletz et Blöte 1993a), mais très peu de données concernant l’activité cérébrale ou oculomotrice sont disponibles. De plus, la dysgraphie est un terme englobant plusieurs réalités cliniques différentes (Deuel 1995; Smits-Engelman et al. 2001; Adi-Japha et al. 2007a), rendant complexe son étude.

Le Trouble du Développement de la Coordination (TDC), ou dyspraxie a été le cadre dans lequel la dysgraphie a été étudiée pour ces travaux. Le TDC est un trouble du développement caractérisé par des difficultés à la coordination et une mauvaise maitrise des mouvements physiques, sans altération intellectuelle.

Une expérience a été réalisée, dans le but d’analyser la production d’écriture chez l’enfant TDC et typique sur la base de 3 mesures conjointes: les paramètres cinématiques de l’écriture, l’activité cérébrale mesurée par électroencéphalographie (EEG), et l’activité oculomotrice mesurée par oculométrie.

Un total de 20 enfants de 8 à 12 ans a passé l’expérience composée de 6 tâches : deux dictées des lettres de l’alphabet et chiffres, trois tests graphomoteurs, et les 5 premières lignes du BHK. Après un traitement des données, une analyse de l’EEG, de l’oculométrie et de la cinématique de l’écriture a été réalisée.

L’analyse globale spectrale de l’EEG a permis, pour la tâche BHK, de montrer une différence dans le ratio de puissance Beta Alpha (BAR), qui est plus grand pour le groupe DYS que le groupe de contrôle dans les électrodes temporales gauche. Ce type d’observation pourrait s’inscrire dans le cadre de précédentes études (Ose Askvik et al. 2020; Harrington et al. 2007), toutefois l’absence d’autres résultats pour les autres régions impliquées dans le traitement visuel ou moteur de l’écriture (Frontal, Pariétal, Central) rend toute conclusion difficile.

En oculométrie, on ne trouve aucune différence en temps de lecture préliminaire, et aucun temps de lecture en cours d’écriture significativement différent. Le nombre de retours au modèle n’est lui non plus pas significativement différent. Cependant, la qualité des fixations diffère entre les deux groupes : les enfants du groupe DYS font de plus courtes fixations sur leur production écrite, amenant à un temps total de fixation significativement plus court. Les fixations étant reliées à la récupération d’information, on peut suggérer un apport plus faible du retour visuel dans le contrôle de l’écriture chez les enfants du groupe DYS.

L’analyse de la cinématique quant à lui permet de se placer dans les précédents travaux du genre, montrant une écriture plus grosse, moins maitrisée et plus rapide. En décomposant l’écriture en fonction du placement du regard, on peut espérer déceler des effets différents des regards au modèle. On n’observe pas de différence en terme de production écrite avec le regard sur le modèle, ce qui est un indicateur d’automatisation de l’écriture. En revanche, on observe une certaine stabilité accrue de l’écriture pour le groupe DYS, qui voit la variation de pression sur la tablette diminuer et l’angle du crayon avec la tablette ne plus différer du groupe contrôle.

Cette étude préliminaire (20 sujets) permet d’ouvrir des pistes pour de futurs travaux alliant oculométrie, EEG et écriture, que ce soit pour approfondir le lien entre fixations et TDC, entre activité EEG et dysgraphie, en dépassant la seule analyse de l’écriture.

Jury composé de:
- Alice Gomez, Université Claude Bernard Lyon 1, rapportrice
- Jérémy Danna, université de Toulouse, rapporteur
- Marianne Jover, université Aix-Marseille, examinatrice
- Denis Alamargot, Université Parsi Créteil, examinateur
- Jean-François Coeurjolly, Université Grenoble Alpes, examinateur
 

Date

Le 21 juin 2024

Localisation

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Complément lieu

BMD - Salle Annie Genovèse - 9h

lien zoom

Publié le 22 mai 2024

Mis à jour le 19 juin 2024