Soutenance de thèse : Thomas CHAZELLE

Résumé : La représentation corporelle est l’ensemble des fonctions cognitives permettant le suivi de l’état du corps. Elle est impliquée dans des situations diverses, comme la perception des dimensions physiques du corps, l’action, ou encore les attitudes à propos du corps. Pour réaliser ces fonctions, elle se base de manière flexible sur un ensemble d’informations sensorimotrices, ainsi que sur les croyances, attentes et émotions de l’individu. Parmi les sources d’informations disponibles à propos du corps, l’influence sociale peut être un facteur de risque, de maintien, et de sévérité des distorsions de l’image du corps, en particulier chez les jeunes femmes. Pourtant, si l’influence sociale sur les aspects attitudinaux de la représentation corporelle est bien établie, il existe peu d’évidence expérimentale de telles influences sur la perception physique de la corpulence. Cette thèse a pour objectif d’étudier l’intégration d’informations sociales à la représentation perceptive de la corpulence. Un premier axe se focalise sur l'influence interpersonnelle en testant l'effet de labels de poids sur des jugements de corpulence. Les labels de poids peuvent être conçus comme des sources d’informations à propos de la corpulence. Pour étudier leur influence informationnelle, nous avons fait varier la fiabilité de plusieurs sources d’informations pour étudier la manière dont elles étaient combinées pour produire des jugements perceptifs. Nos résultats indiquent que les contributions de la mémoire et de la vision semblent outrepasser celles des influences sociales. Un second axe porte sur un autre type d'influence sociale, l'influence médiatique. La surexposition visuelle à certains types de corps est associée à l’insatisfaction corporelle, et pourrait contribuer à expliquer certaines distorsions de l’image du corps perceptive. Dans ce contexte, l’adaptation visuelle à des corps pourrait expliquer comment l’exposition prolongée à des corps minces peut mener à une surestimation de la corpulence propre. Nous avons réalisé plusieurs études pour tester certaines hypothèses de cette théorie adaptative des distorsions de l'image du corps. Ces expériences soulignent certaines limites de la théorie adaptative ; en particulier, il est incertain que les effets d’adaptation puissent influencer la représentation que les individus ont de leurs propres corps. En conclusion, nos résultats indiquent que la perception de la corpulence pourrait mieux résister qu’attendu aux influences sociales.

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