Soutenance de thèse : Julia ElKallassi

La victimisation par les pairs est fortement liée à des symptômes internalisés (retrait social, symptômes psychosomatiques, troubles anxieux, troubles dépressifs, idéation suicidaire) (voir méta-analyses ; Reijntjes et al., 2010 ; Zych et al., 2015). Elle est aussi positivement corrélée, dans une moindre mesure, à des symptômes externalisés (suractivité, mauvais contrôle des impulsions, non-conformité, agressivité) (voir méta-analyses ; Reijntjes et al., 2011; Zych et al., 2015). Le lien entre la victimisation par les pairs et les symptômes internalisés/externalisés semble être bidirectionnel et circulaire selon les études mentionnées. Or, la littérature sur le sujet ne met pas suffisamment l'accent sur les facteurs médiateurs expliquant cette relation (Juvonen & Graham, 2014). Dans cette perspective, nous nous intéresserons aux processus psychologiques, en l'occurrence la rumination et le sentiment d'efficacité personnelle, comme mécanismes pouvant sous-tendre la relation victimisation-symptômes. La partie théorique de cette thèse fait un état de l’art à propos des différentes thématiques abordées, soit (1) le harcèlement scolaire, notamment le lien entre la victimisation par les pairs et les symptômes internalisés/externalisés ; (2) les processus psychologiques, en particulier la rumination et le sentiment d’efficacité personnelle ; (3) les études empiriques ayant étudié le rôle de la rumination et du sentiment d’efficacité personnelle en relation avec la victimisation par les pairs et les symptômes internalisés/externalisés (revue systématique de la littérature). La partie empirique commence par une validation française du Questionnaire sur le Sentiment d'Efficacité Personnelle des Enfants (Muris, 2001) (étude 1). La version française réduite à 18 items montre de bonnes qualités psychométriques. Puis, une étude transversale (étude 2a) a pu répliquer les résultats de la littérature dans notre échantillon de collégiens français. La suite de cette étude (étude 2b) a permis une analyse longitudinale de l'évolution des symptômes psychologiques internalisés et externalisés, de la rumination et du sentiment d’efficacité personnelle chez des personnes victimes v/s non-impliquées dans le harcèlement scolaire. Elle a aussi permis d’étudier les effets directs et indirects (via la rumination et le sentiment d’efficacité personnelle) de la victimisation sur les symptômes psychologiques, et vice-versa. Enfin, l'étude 3 est une étude pilote exploratoire qui a évalué l'impact de la méthode préconisée par l'Éducation Nationale (la préoccupation partagée) sur la victimisation, les symptômes dépressifs, la rumination et le sentiment d'efficacité personnelle, en effectuant des mesures avant et après l’intervention. La discussion de cette thèse présente les implications pratiques et cliniques de nos résultats, ainsi que leurs différentes limites. Elle propose également plusieurs pistes de recherche qui pourraient orienter de futures études.